• La vengeance d'une chimère partie 5

    "Lorsque mon père décéda, son plus fidèle conseiller me remit une lettre cachetée magiquement. Pensant qu'il s'agissait de formalités concernant le royaume dont j'étais à présent la reine, je brisai le sceau sans plus attendre et déplia la lettre. Ce que j'y lu me glaça les entrailles : mon père, que j'admirais tant m'avait trahi.... Je comprenais à présent pourquoi  ma vie, depuis mon mariage, était dénuée de sens à mes yeux... La politique n'apportait-elle donc que souffrance? Je ne comprenais pas, non c'était trop pour moi. Si gouverner signifiait l'acceptation de tant de compromis, ennemis du bonheur alors je ne serai pas reine!

    Ainsi j'abandonnai mon statut et mon pouvoir à mes enfants assez âgés pour cette tâche. Je leur expliquai la raison de mon geste puis, avec ma fidèle Oris (Nyla avait rejoint l'autre monde quelques années auparavant), je partis un soir sur mon cheval...

    Pourtant, avant de franchir les portes de la citadelle, je me souvins d'un détail qui déchira mon coeur: qu'était-il advenu de Athan? Cet amour oublié que j'avais jeté au cachot à vie sans plus y penser si tôt mes épousailles terminées.... Vite, trés vite, je me rendis à la prison et rappelai aux gardes qu'un homme avait été enfermé  là par mon ordre lors de mon mariage. Athan. Mais ces gardes-là étaient encore jeunes et n'avaient donc pu être présents à la cérémonie. Pourtant ils me répondirent:

    _ Nous n'étions que des enfants à cette époque mais en bas demeure le plus vieux des gardiens, il vous renseignera surement.

    Je les remerciai puis descendis dans cet endroit sombre et humide. Au loin, dans le long couloir, je crus apercevoir une silhouette. Je criai: "hého garde?"

    L'homme se retourna, on aurait dit qu'il avait cent ans, comme enraciné à cet endroit. Mon coeur battait la chamade.

    _ Hum qui êtes-vous? Que désirez-vous?

    Etonnée qu'il ne me reconnaisse pas, je rétorquai:

    _ Je suis Lyana, la reine et j'aimerai savoir ce qu'il est advenu du dénommé Athan que j'ai jeté cruellement en prison il y a 25 ans, le jour de mon mariage!

    Il me regarda droit dans les yeux et, pendant un instant, j'eus le sentiment qu'il essayait, par ce biais, de lire les souvenirs dans mon esprit. Son regard se détourna et il chuchota:

    _ Un tout jeune homme au coeur brisé s'appelant Athan? Oui je me souviens de lui... Il m'a conté son histoire, votre histoire.

    Il semblait gêné mais continua néanmoins:

    _ Malgré son récit, nous n'avions reçu aucun ordre de votre part ou du roi afin de le libérer. Cela faisait 25 ans qu'il ruminait sa vengance, car vous savez, il ne vous a pas pardonné... Jusqu'à son dernier souffle. Il a tant souffert.

    Mon coeur, déjà si malmené, se brisa en mille morceaux. Trop tard!! J'arrivai trop tard!

    _ Vous voulez dire.... Qu'il est mort?

    _ Oui majesté, son corps n'a pu résister plus longtemps. Malheureusement vous l'avez raté de peu.

    Je me mis à pleurer, déversant hors de moi tout le mal que j'avais causé inconsciemment. Comment pourrai-je un jour me pardonner? Il me faudrait plus d'une vie!

    _ Vous pleurez? Vous l'aimiez donc encore? Cela ne me regarder pas mais je ne comprend pas...

    _ Vieil homme, j'ai été trompée par l'homme en qui j'avais le plus confiance... J'avais tout oublié d'Athan. A présent que la mémoire m'est revenue, mon coeur est devenu mon propre enfer. Je l'aimais tant si vous saviez..

    _ Ses derniers mots on été: "Lyana je te retrouverai... " Si cela arrive, dans d'autres vies, par amour pour lui souvenez-vous. Pardonnez-lui et.. pardonnez-vous...

    Lorsque je relevai ma tête, le vieillard avait disparu. Comme s'il n'avait jamais été là...

    Je sortis, une partie de moi en moins, celle qui était morte dans cette prison en même temps que mon aimé.

    Je vécus seule, en expiation, laissant partir Oris. Solitude et pauvreté furent mon lot quotidien au fond de la forêt d'Emeraude avec pour seule compagnie: arbres, animaux et parfois des fées.  Quand je sentis ma mort approcher, je fis le serment de rerouver Athan et de me rappeler...

    Et ce jour était venu. Enfin.

    Le vent s'arreta complètement et je retombai délicatement au sol nantie d'une force nouvelle, mon coeur prêt à pardonner et à me pardonner. C'était la fin et cette fois ce ne serait ni triste ni cruel.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :